Traitement d’une malformation vasculaire in utero

Considérées comme des maladies rares, les malformations lymphatiques sont des lésions composées de vaisseaux lymphatiques anormaux. Les patients atteints par ces malformations souffrent de déformations, de douleurs importantes, d’impotences fonctionnelles, de faiblesses musculaires et de saignements. Leur qualité de vie est considérablement dégradée.
En 2016, l’équipe de Laurence Boon, qui coordonne le Centre des malformations vasculaires des Cliniques universitaires Saint-Luc de Saint-Luc, a pris en charge une maman dont le fœtus présentait une malformation lymphatique de grande taille au niveau de la région cervicale. Durant la grossesse, la lésion a entrainé une insuffisance respiratoire du fœtus et risquait de déboucher sur une interruption de grossesse.
Pour la première fois au monde, la malformation vasculaire a été traitée in utero via un médicament (Sirolimus) directement administré à la maman pendant sa grossesse.
L’équipe multidisciplinaire s’est appuyée sur son expérience ainsi que sur les travaux de Miikka Vikkula qui dirige le laboratoire de génétique moléculaire humaine de l’Institut de Duve à l’UCLouvain et du WEL Research Institute. Plusieurs recherches de ce laboratoire ont en effet mis en évidence les propriétés du Sirolimus dans le traitement de malformations vasculaires à bas-débit telles que les malformations lymphatiques.
Comme il ne comportait que peu d’effets secondaires, ce médicament a été administré à la maman pour atteindre le fœtus à travers la barrière placentaire. Entre la 29e et la 34e semaine de grossesse, la taille de la lésion a considérablement diminué et l’accouchement s’est déroulé normalement. Le bébé ne souffrait plus d’insuffisance respiratoire. Outre une sclérothérapie (injection d’un médicament dans les vaisseaux anormaux pour les assécher) à 11 mois puis une opération à 15 mois, le traitement s’est poursuivi chez l’enfant pendant quelques années. Désormais âgée de 6 ans, l’enfant se porte bien et poursuit normalement sa croissance.
Cette prouesse médicale est le fruit d’une collaboration multidisciplinaire entre de nombreux cliniciens et chercheurs. Les résultats de cette intervention exceptionnelle sont publiés dans la revue « Nature Cardiovascular Research ».
Référence : Seront et al (2023) Nat Cardiovasc Res https://doi.org/10.1038/s44161-023-00280-4
Source : Communiqués de presse UCLouvain et Institut De Duve
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