Publication dans Nature

Rôle de l’environnement extracellulaire dans la formation de cancers



Pour former un cancer, les cellules doivent accumuler des mutations oncogéniques qui confèrent des propriétés initiatrices de tumeur. Cependant, des preuves récentes ont montré que les mutations oncogènes se produisent à une fréquence étonnamment élevée dans les tissus normaux. Cela suggère que les mutations à elles seules ne suffisent pas à induire la formation d'un cancer et que d'autres mécanismes, notamment l'induction de la mort cellulaire ou la différenciation terminale, devraient favoriser ou empêcher les cellules exprimant l'oncogène de progresser vers des tumeurs invasives.

Dans une étude publiée dans la revue Nature, des chercheurs dirigés par Cédric Blanpain (WEL Research Institute – ULB) ont découvert de nouveaux mécanismes qui empêchent les cellules exprimant des oncogènes de donner naissance à des tumeurs invasives.

Pour cela, les chercheurs ont étudié dans des modèles animaux la capacité des cellules exprimant des oncogènes dans différentes parties de la peau (oreille et dos) à développer un carcinome basocellulaire (CBC), le cancer le plus fréquent chez l’homme. Avec surprise, ils ont constaté que les cellules exprimant l'oncogène dans l’oreille, mais pas dans la peau du dos, donnaient lieu à l'apparence typique d'un CBC invasif. L’équipe a constaté que la matrice extracellulaire du derme est caractérisée par une rigidité accrue et un réseau de collagène plus dense dans la peau du dos - résistante aux processus de tumorigenèse - que dans l’oreille où les cellules sont capables de donner naissance à des cancers invasifs.  En diminuant de manière enzymatique la densité du collagène, l’équipe a démontré que l'abondance du collagène était un facteur clé pour limiter l'invasion et la formation de tumeurs dans la peau du dos. 

Le vieillissement et l’exposition aux rayons ultraviolets (UV) sont également associés à une diminution de la densité du collagène dans la peau. De manière notable, l’expression d’oncogènes chez des souris âgées, ou après une exposition aux UV, conduit à la formation de tumeurs cutanées dans la peau du dos, démontrant que le niveau d’expression du collagène dicte la compétence pour l’initiation des tumeurs cutanées.

Cette étude démontre que la composition de l’environnement extracellulaire régule la compétence régionale à donner naissance à un cancer et permet de mieux comprendre la formation du cancer chez l’homme, le CBC provenant préférentiellement de certaines zones du corps telles que les oreilles et le nez qui présentent une abondance de collagène différente.

Référence : Bansaccal et al (2023) The extracellular matrix dictates regional competence for tumour initiation, Nature https://doi.org/10.1038/s41586-023-06740-y

Source : Communiqué de presse ULB

Photo by National Cancer Institute on Unsplash

Partager cette news